La fatigue sociale (partie II)

Une histoire d'excès d'empathie

Comme je le disais plus haut, les HPI et les hypersensibles ont cette capacité à décoder très vite le fonctionnement global de la personne qui se trouve en face d'eux, ce qui est un grand atout pour la communication !

 

Comprendre l'autre et le "sentir" permet de savoir sur quel terrain on joue, d'adapter sa communication et de faciliter l'entrée en relation. Toutefois, certains atypiques vont tomber dans le piège de l'excès d'empathie ou de la contagion émotionnelle.

Ainsi, ils rentrent chez eux dans un état émotionnel qui ne leur appartient pas ou se surprennent à ruminer afin de résoudre des problèmes qui ne les concernent pas.

Astuces

Choisir vos combats !

 

Si vous vous surprenez à ruminer ou à vous inquiéter pour un souci qui concerne vos proches, arrêtez la machine à penser et posez-vous ces questions :

  • Est-ce que j'ai une responsabilité dans cette histoire ?
  • Est-ce que j'ai un moyen d'action ?
  • Est-ce qu'on m'a demandé mon aide ? (À trop vouloir sauver le monde, on oublie que, la plupart du temps, on ne nous a rien demandé)
  • Si non, je choisis mes combats : ai-je envie de continuer à me gâcher le moment ? Où ai-je envie de placer mon énergie ? (Ce n'est pas de l'égoïsme, contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'est une manière de tourner la bienveillance vers soi-même)

Contagion émotionnelle

Voici le réflexe mental à adopter en cas de sentiment de mal-être ou de colère injustifiée :

  • Est-ce que cet état émotionnel m'appartient ?
  • Qui ai-je rencontré aujourd'hui qui se trouvait dans cet état émotionnel ?

Rendez à vos interlocuteurs ce qui leur appartient et prenez la juste mesure de vos états.

Une histoire de code

Quand on fonctionne différemment de la majorité des gens, il n'est pas étonnant de se sentir souvent en décalage.

Les HPI et hypersensibles ont, par exemple, une sainte horreur des discussions "pass-time" (passe-temps). Ces fameuses discussions sur la pluie et le beau temps avec la voisine de palier, le résultat du dernier match de foot à la machine à café...

 

Ces discussions nous épuisent puisque nous ne comprenons pas leur intérêt et nous ignorons comment  répondre à : « Il fait beau aujourd'hui, hein ? »

C'est typiquement le genre de phrase d'accroche qui nous font bugger ! oui, le temps est beau... je dois répondre quoi à ça ?

Construire une réponse bateau demande beaucoup d'énergie.

Astuces

On apprend en imitant !

 

Devenez un observateur chevronné et reproduisez « bêtement » ce que font les autres dans ces discussions pauvres. Vous parviendrez à répondre du tac-au-tac  à ne pas vous laisser déstabiliser.

Vous pourriez aussi utiliser la botte secrète de Caradoc (Kaamelot), le fameux «  C'est pas faux », mais mieux vaut avoir plusieurs stratégies de réponse dans son sac.

 

Les centres d'intérêt sont également différents. Les HPI et hypersensibles aiment les conversations profondes et authentiques sur des sujets très variés, là où la majorité va préférer rester en surface sur des sujets d'actualité (qu'ils ne comprennent pas, la plupart du temps).
Ici, il n'est pas question de se forcer à s'intéresser aux mêmes choses que les autres pour socialiser, mais plutôt d'en savoir assez pour ne pas être largué.

 

Ensuite, dans la même veine que le jeu du masque, accepter que, pendant un temps donné, vous allez faire l'effort de parler de ce sujet, parce que les vrais sujets qui vous animent seront partagés ensuite avec vos proches ou avec des amis qui s'intéressent aux mêmes choses que vous.

 

 

Souvent, les HPI et hypersensibles, sont déstabilisés par ce qu'on leur dit et, par conséquent, réfléchissent longtemps en silence avant de répondre. Ces silences ne sont pas compris par les interlocuteurs.

De plus, maladroitement, ils ont tendance à répondre à côté et leurs réponses ne sont pas toujours comprises.

 

Ici, la meilleure réponse à donner, si vous avez créé un malaise sans le vouloir ou que personne ne vous comprend, est d'utiliser le levier de l'humour !

En effet, pratiquer l'autodérision permet de détendre l'atmosphère et de dire les choses sans les dire...

Ne rejouez pas le film en mode « auto-flagellation »

 

Après une soirée, les atypiques (qui se sentent en décalage) vont refaire le film de la soirée et identifier tous les moments où ils ont buggé, les répliques qu'ils auraient pu sortir, les instants où l'interlocuteur a froncé les sourcils...

Ce film va les faire ruminer, accentuer le sentiment d'être différent et à côté leurs pompes.

Se refaire la scène de cette façon n'est pas productif !

En revanche, si vous rejouez l'évènement en ayant l'intention d'apprendre, c'est tout bon.

Cela sous-entend que vous apprenez de vos erreurs et de vos bredouillis pour faire mieux la prochaine fois.

Une histoire d'acceptation

Je sais bien que l'on entend parler d'acceptation à toutes les sauces...
On en a des choses à accepter si on veut atteindre la plénitude !

 

L'acceptation dont on parle ici est simple, légère et tellement salvatrice  :
Il s'agit d'accepter que l'on sort du cadre, que l'on est un peu différent de la majorité.

 

Accepter nous permet de ne plus voir notre hypersensibilité ou notre HPI comme un fardeau, ne plus lutter contre ce qui nous compose, ne plus lutter contre soi-même. Quelle délivrance !

 

Vous êtes différent ; oui, c'est un fait !

Mais tout le monde est unique après tout !

Plutôt que de nous voir à côté des autres, en marge, voyons-nous dans un système où nous sommes tous complémentaires.

 

  • Quelles sont les parties de vous que vous essayez de rejeter ?
  • Qu'est-ce que votre personnalité peut apporter au groupe ?

 

Accepter, c'est aussi lâcher prise sur le fait de ne pas être conforme à la norme.

C'est faire le choix, conscient, d'assumer être soi pleinement et pas comme les autres le voudraient.

 

C'est ne plus lutter contre cet état de fait et vivre pleinement sa singularité.

Une histoire de connaissance de soi

Cette fois, je vous entends dire « Je veux bien m'accepter tel que je suis, mais je ne sais pas qui je suis ! »

 

Connais-toi toi-même, qu'il disait... mais, concrètement, on fait comment ?

Voilà un vaste programme, effectivement. L'histoire de toute une vie ? Sans doute.

 

Le développement personnel regorge de multiples techniques pour partir à la connaissance de soi.

Personnellement, je les trouve compliquées, longues et fastidieuses ; comme s'il fallait faire partie d'un groupe d'élite pour atteindre la clé ultime de la connaissance de soi.

 

J'aime particulièrement la synthèse de Serge Marquis.
En effet, ce médecin québécois a le mérite d'être sérieux sans se prendre au sérieux et c'est plutôt rafraîchissant !

Voilà ce qu'il propose pour simplifier la quête du fameux graal personnel :

« Pour se connaître, il suffit de se connecter à ce qui, en nous, ne vieillit jamais. » Serge Marquis.

 

Qu'est-ce qui ne vieillit jamais en nous ? Notre capacité à savourer, à nous émerveiller, à apprendre, à transmettre, à aimer, à être présent au présent.

Astuces

Aujourd'hui, qu'avez-vous aimé ? savouré ? appris ? transmis ?

Voilà les ingrédients de votre bonheur, de votre cohérence personnelle, de votre harmonie intérieure.

C'est sur ces points qu'il faut porter notre attention et les vivre autant que possible chaque jour.

Se connecter à cela permettra aussi de rendre plus intéressant un quotidien malmené par le travail, de retrouver du sens à la vie et de découvrir des facettes de vous-même que vous ignoriez peut-être jusque-là.

 

Des limites et des défis

 

C'est aussi une histoire de limites et de défis personnels.

Se connaître, c'est aussi savoir ce que nous sommes prêts à accepter et ce que nous sommes prêts à relever comme défis ; construire nos challenges.

 

Pour exemple, ma limite pour une sortie en groupe est de 5 personnes.

Au-delà, je sais pertinemment que je vais agoniser au bout d'une heure !

Je fais le choix de ne pas aller à des sorties où il y aura plus de monde, sauf si c'est en extérieur et que je sais que j'aurai un endroit de repli en cas de saturation.

 

Mon défi : parler aux parents à la sortie de l'école.

Je suis bien obligée d'aller chercher ma fille à l'école. Je suis donc confrontée à la cohorte de mamans qui discutent devoirs, rhumes de l'automne, activités extra-scolaires, la difficulté à programmer des repas bio...

Personnellement, je m'en passerais bien.

 

Mais... je me lance des défis : si une maman entame la conversation, je me lance le défi de porter mon masque de «desperate housewife» et de continuer la causerie.

 

C'est un jeu, à vous de vous poser les règles. Pas la peine de faire compliqué comme Perceval (Kaamelot), les relations c'est plus simple qu'un Sloubi !

 

Les défis, c'est aussi d'avoir l'audace de sortir de sa zone de confort, d'expérimenter de nouvelles choses pour agrandir ses horizons.

Essayer / évaluer le résultat/ ajuster.

 

Apprendre de soi, des autres et construire sa carte.

Pour résumer : JOUEZ ! AMUSEZ-VOUS !

Après tout, les relations sont faites pour ça, pour s'amuser !

 

Utilisez votre sens de l'humour pour rire des situations, rire des autres (intérieurement, sinon ce n'est pas correct !), rire de vos maladresses et de vous-même.

 

Utilisez votre intelligence pour anticiper les situations ou les prédire (ça mettra un peu de piment dans les interactions).

 

Utilisez également votre intelligence et votre créativité pour vous et non plus contre vous, pour vous adapter et apporter de la légèreté dans votre vie.

 

Faites la balance entre les moments « obligés » et les moments choisis, qui vous nourrissent, aux dosages qui vous conviennent.

 

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