La fatigue sociale à la loupe (partie I)

Une histoire de masque

Vous avez certainement entendu parler du faux-self.

 

Ce faux-self, c'est le rôle que nous jouons, celui qui nous permet de nous adapter à notre environnement et aux diverses situations qui se présentent à nous.

Nous utilisons tous cette stratégie à un moment ou à un autre dans notre vie, pour notre survie.

Le piège réside dans la fréquence à laquelle nous allons porter ce masque.

 

Très tôt, le jeune hypersensible va comprendre que ses réactions sont inadaptées, disproportionnées dans le contexte et va prendre très à coeur les remarques qu'on va lui faire à ce sujet.

Il ne sait pas différencier son comportement de son identité et va croire "qu'il est mauvais, qu'il est nul".

En somme, il va comprendre très tôt qu'il faut être comme les autres pour ne pas se faire éjecter du groupe.

Pour une question de survie, il va donc développer une personnalité différente de la sienne pour correspondre à ce qu'on attend de lui. 

Il peut même aller jusqu'à faire le choix (conscient ou non) de se couper de ses émotions, de ne plus exprimer ses opinions et d'adhérer aveuglément aux idées du groupe, dénigrer complètement ce qu'il est, ressent ou pense.

Il va porter un masque dans le but de ne pas être seul.

Mais ce masque peut finir par coller, faire partie intégrante de lui et effacer complètement ce qui fait de lui un être unique.

« Comment enlever un masque lorsqu'il cesse d'être un masque ? Quand c'est autant une partie de moi que je le suis. »- Elliot Alderson dans Mr Robot

Comme je le disais, porter un masque est naturel et normal.

On ne se comporte pas de la même façon pour tenir une conversation avec notre mère ou notre banquière.

Le masque, une fois la situation terminée, nous l'enlevons dans le confort de notre maison, avec nos proches, quand nous nous sentons en sécurité.

Mais certains ne sentent plus qu'ils le portent et le gardent en permanence.

 

Cela engendre une souffrance sourde, un mal-être latent et indicible.

Pourquoi ?

Parce que la personne fonctionne en pilote automatique, éloignée de ce qu'elle est profondément, telle une coquille vide.

Elle traverse la vie sans but pour l'animer et aucun être humain ne peut vivre ainsi.

Astuces

Accepter de porter un masque selon les situations, le faire en conscience.

Concrètement, ça veut dire quoi ? Tout est question de bénéfices à court ou à long terme.

Dans le cadre du travail, par exemple, on peut accepter de jouer le jeu de la socialisation autour de la machine à café, histoire de ne pas paraître distant. Une fois la pause terminée, hop, on enlève le masque qui nous a permis de survivre à ce moment.

 

C'est une sorte de contrat entre vous et vous : à ce moment précis, j'accepte de jouer le jeu pour un temps donné.  Cela doit devenir un jeu, pas un situation subie !

D'autant plus que les hypersensibles sont capables de décoder en un temps record le fonctionnement émotionnel et mental de leur interlocuteur (synergologie) !

Alors, autant jouer avec cette capacité hors normes et s'amuser à se synchroniser à l'autre plutôt que de regarder sa montre en se demandant quand cet enfer va prendre fin.

 

Autre chose importante : se nourrir à côté !

Il y a des situations sociales auxquelles nous ne pouvons pas échapper. Si nous acceptons de jouer le jeu dans ces moments-là, en conscience, ils est également important de se dire que ce n'est pas si grave puisque nous avons des relations enrichissantes en dehors.
C'est une histoire de balance : on vivra plus facilement les moments sans intérêt si nous savons que nous allons pouvoir vraiment converser avec quelqu'un d'autre dans un autre contexte.

 

Une histoire de surdose sensorielle

Les HPI et les hypersensibles ont un cerveau hyper-stimulable et hyper-réactif. De ce fait, ils captent tout dans leur environnement : des signaux forts aux signaux faibles, tout y passe.

En somme, ils sont branchés à la 5G depuis longtemps et la bande passante du cerveau peut parfois (souvent) saturer.

 

Trop de bruits parasites, trop de lumières, trop de monde...

Quand le HPI est en forme, son cerveau est capable de gérer toutes ces informations, de les percevoir et de les traiter ; après tout, il est câblé pour ça.

Mais quand il est fatigué, cela devient mission impossible et un petit rien, une information de trop, peut faire bugger le système.

On appuie sur RESET, le corps est là, mais la tête s'est figée.

 

N'oublions pas que le rôle premier de notre cerveau est de détecter les menaces dans notre environnement grâce aux perceptions de nos 5 sens, pour nous maintenir en vie.

Néanmoins, ce radar à menaces est souvent déréglé chez les HPI et les hypersensibles puisque les informations sont plus nombreuses, donc : bien plus de menaces potentielles.

 

C'est une question de volume, mais aussi d'intensité 

Quand la sensation est perçue avec trop d'intensité, est analysée comme un danger, elle peut s'exprimer sous la forme d'anxiété au quotidien (chacun perçoit le danger sous le prisme de sa personnalité et déclenche de l'anxiété selon ses critères de danger).

 

Les atypiques vont subir les relations de groupe où tout le monde parle en même temps (sans s'écouter vraiment) et être accaparé par toutes sortes de stimuli qui vont générer un brouhaha intérieur.

De plus, la crainte de paraître « bizarre » va ajouter une couche d'anxiété qui ne va pas aider le cerveau à s'apaiser.

 

Astuces

La meilleure défense, c'est l'attaque ! (ou plutôt, l'anticipation)

 

Si vous savez que vous avez une soirée où il y aura beaucoup de monde, ne prévoyez rien dans la journée : n'allez pas faire vos courses en grande surface ou ne prévoyez pas de sortie si vous savez que le soir vous allez épuiser vos batteries.

Anticipez la fatigue que cette soirée va engendrer en vous reposant ou en faisant ce qui vous donne de l'énergie (ce que vous aimez) avant.

Une fois sur place, essayez de vous isoler de temps en temps pour reposer votre système nerveux.

Éloignez-vous du bruit quelques minutes, allez prendre l'air ou allez dans la cuisine avec l'hôte entre deux plats (cette technique fonctionne bien. Personnellement, je passe pour quelqu'un de serviable parce que j'aide mon hôte dans la cuisine, alors qu'en vérité je veux seulement fuir le groupe sans en avoir l'air).

 

Mon mantra, avant de me rendre à la soirée : « la soirée est inconfortable, mais je ne suis pas en danger. »

Notre cerveau nous joue des tours et voit des menaces là où il n'y en a pas (aspect sensoriel vu plus haut), il faut le recadrer en lui expliquant que n'êtes pas en danger.

 

Certes, vous allez juste parler de foot, de pluie et de beau temps, du rhume des enfants... c'est épuisant, mais pas dangereux.

Focus !

Lorsque vous êtes perdu dans le bruit ambiant, ou en train de suivre deux conversations en même temps, il est temps de vous stopper mentalement et de faire un choix sur un interlocuteur.

Choisissez LA conversation et portez votre attention uniquement sur celui qui parle.

Histoire de faciliter la tâche, vous pouvez vous focaliser sur le ton de sa voix, sur ses vêtements, sur sa posture... N'importe quoi, du moment que vous ne laissiez plus votre cerveau vagabonder dans les myriades d'informations environnantes.

 

Vous pouvez vous entraîner au quotidien en portant votre attention sur ce que vous faites en passant par les 5 sens :

  • La sensation de chaleur de l'eau sur votre corps quand vous prenez votre douche
  • Le bruit des touches de clavier d'ordinateur au travail
  • L'odeur du savon quend vous faite la vaisselle
  • ...

Entraînez-vous à être présent à ce que vous faites, quelle que soit la tâche. Vous apprendrez ainsi à votre cerveau à se brancher sur un seul canal et à focaliser.

Vous gagnerez aussi en énergie mentale, ce qui n'est pas rien quand on est stressé !

 

À suivre... la fatigue sociale à la loupe (partie II)

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