Zoom sur le sommeil des HPI

Que se passe-t-il dans leur tête ?

Que se passe-t-il dans leur tête quand arrive l'heure de se coucher ?

Pourquoi compter les moutons ne sert à rien ?

Leur plus grande excitabilité, l'hyperactivité pour certains, une réaction émotionnelle vive, l'hyper-vigilance permanente, l'anxiété, ainsi qu'un cerveau qui ne se met jamais en pause (surtout quand il décide de carburer à son maximum au moment de se coucher), cette capacité hors du commun à se poser des questions sans réponse, sont autant de facteurs supplémentaires pour un sommeil perturbé.

Les phases de sommeil :

Voici les différentes phases par lesquelles nous passons lors d'un cycle de sommeil normal :

  1. La phase 1 dure quelques minutes et correspond à l'endormissement. Nous pouvons encore entendre des bruits légers, les yeux bougent, les muscles sont mobiles.
  2. La phase 2 est une phase de sommeil léger. Les yeux ne bougent plus mais la personne peut encore percevoir les bruits provenant de l'environnement.
  3. Lors de la phase 3, le sommeil profond s'installe. L'activité cérébrale ralentit, les muscles sont libre.
  4. La phase 4 correspond au sommeil profond. Le cerveau, les muscles et tout l'organisme sont au repos. C'est la phase de récupération, très importante pour récupérer de la fatigue physique et se remettre en cas de maladie.
  5. La phase 5 correspond au sommeil paradoxal. Les yeux bougent, l'EEG montre une plus grande activité cérébrale, mais les muscles sont paralysés (cette phase correspond à 20 % du sommeil d'un adulte normal).

Le sommeil paradoxal

Il favorise la plasticité cérébrale : apprentissages, nouvelles connexions neuronales, réparation des lésions, facilite la mémorisation. 

C'est pendant cette phase que nous traitons les données de la journée et que nous pouvons les mémoriser.

Cependant, pendant cette même phase, la sérotonine est inhibée. Cette hormone régule notre humeur, la douleur, le sommeil et l'appétit.

Un déficit en sérotonine est responsable de :

  • Déprime au réveil
  • Peut aggraver un état dépressif
  • Serait à l'origine d'allergies multiples, de douleurs inflammatoires diverses, de maladies auto-immunes...
  • Peut également provoquer des troubles du sommeil : difficultés d'endormissement, réveil difficile avec fatigue et/ou mauvaise humeur, nuits courtes et/ou agitées.

Les phases de sommeil paradoxal durent plus longtemps chez les nouveau-nés. Elles diminuent ensuite vers 10/12 mois, sauf chez les HPI (bien entendu). 

Nombreux sont les HPI qui se plaignent de difficultés d'endormissement et/ou de réveils difficiles avec la sensation désagréable de se réveiller plus fatigués que la veille.

Alors, que se passe-t-il chez les HPI ?

Une étude de Dr Olivier Revol et de son équipe (pédopsychiatre spécialisé dans le HPI au CHU de Lyon) montre que :

  • Les cycles de sommeil sont moins longs (70 mn pour un HPI contre 90 mn pour les autres)
  • La phase de sommeil paradoxal dure plus longtemps (donc moins de temps pour le sommeil profond qui nous permet de récupérer)
  • Le passage en phase de sommeil paradoxal est beaucoup plus rapide (parfois même directement après la phase d'endormissement)
  • Nous pouvons voir 2 fois plus de mouvements oculaires au repos, cela signifie que la mémoire est plus performante et qu'il y a beaucoup d'informations traitées.

En conclusion, nous récupérons moins bien que les autres puisque notre phase de sommeil profond est plus courte (voire inexistante parfois) pour laisser place à plus de sommeil paradoxal.

 

Ce sommeil paradoxal nous permet d'avoir une mémoire d'éléphant et une excellente plasticité cérébrale mais, revers de la médaille, on se réveille crevé, de mauvais poil et allergique à tout ce qui passe.

 

De plus, les HPI, qui ont un seuil de stimulation plus bas que la norme, sont, par nature, des profils anxieux et angoissés.

Ces stimulations (qui créent du stress) vont déclencher la sécrétion de cortisol (hormone du stress) dans le corps.

La production de cortisol entraîne des effets susceptibles de se prolonger plusieurs heures, voire plusieurs jours dans le corps (5 mn de cortisol = 2 heures pour l'évacuer).

 

Plus la teneur en cortisol est élevée, moins on dort ... et moins on dort, plus on produit de cortisol.

Plus on est stressé dans la journée, moins on dort et ainsi de suite. C'est le serpent qui se mord la queue, nous voilà bien.

Parlons-en, des enfants HPI...

Les enfants ne dérogent pas à la règle, la qualité de sommeil décrite ci-dessus est déjà de cet acabit dès la naissance.

 

Ce qui nous donne des soirées plutôt épiques dans les foyers de zèbres. Certains n'ont jamais fait de sieste (ou très peu) et ne s'endorment pas avant 23 h, qu'il y ait école le lendemain ou pas. Ils sont en quête de stratagèmes plus ou moins farfelus afin de repousser l'échéance du coucher le plus tard possible.

Papa et maman sont au bord de l'épuisement (ou de l'explosion) mais c'est plus fort qu'eux !

Coucher un enfant HPI à 20 h dernier délai parce qu'il y a école le lendemain, comme les trois quarts des familles, est une douce utopie ... 

 

Plusieurs facteurs entrent en action chez zébrion :

  • L'anxiété et l'hyper-vigilance ressenties dans la journée à l'école est trop forte et n'est pas encore descendue (le fameux cortisol qui met un temps fou à disparaître de l'organisme).
  • C'est à l'heure du coucher que les questions les plus existentielles arrivent. Il y a moins de distractions, donc le cerveau à tout le loisir de pédaler !
  • La peur du vide : justement, il y a moins de distractions et la peur de se retrouver seul avec son cerveau en ébullition est intolérable (et inconsciente).
  • Les peurs irrationnelles sont fortes chez ces enfants (peur d'une intrusion dans la maison, peur du noir, peur des monstres...).
  • Ruminations extrêmes parce qu'il y a eu un événement désagréable dans la journée. Cet événement prend toute la place dans l'esprit, crée du stress et donc du cortisol ... et la machine à penser est en marche !

Cette liste n'est pas exhaustive, mais comprenez bien que, même si zébrion vous sort par les yeux parce que cela fait trois fois qu'il vous demande un verre d'eau, encore un câlin alors qu'il est 23 h, qu'il n'a pas assez de lumière, et patati et patata... ce n'est pas pour vous embêter. 
C'est son moyen à lui de calmer angoisse et pensées.

Qu'est-ce qu'on fait ?

Pour que ces enfants dorment bien, il est nécessaire de faire baisser la pression de la journée. Cela peut être en échangeant après l'école sur ce qui s'est passé dans la journée et le laisser se livrer, vous confier ce qui le tracasse, sans jugement, sans le couper.

Il pourra ainsi décharger une partie de ce qui l'angoisse et fera un peu de place dans son cerveau. On peut aussi la méthode de la "météo intérieure".

 

Ensuite, les rituels les rassurent. Les HP n'aiment pas trop le changement et aiment pouvoir anticiper les choses, y être préparés.  Savoir qu'après le repas on se brosse les dents, on met son pyjama, on lit une histoire, on fait trois câlins et une chanson est sécurisant. Un cadre clair les apaise.
Il peut être long et fastidieux de trouver son propre rituel, mais une fois qu'on l'a, c'est la délivrance.

 

Comprendre qu'ils ont un rythme de sommeil différent doit vous permettre de lâcher prise sur leur "quota de sommeil". Effectivement, le sommeil est très important, mais le leur n'est pas le même que celui des copains. 
Donc, cessez de culpabiliser parce que votre enfant ne se couche pas avant 22 ou 23 heures ; plus vous lutterez, pire ce sera.

 

Pour les grands, c'est pareil. Déchargez ce qui vous angoisse dans la journée, avec la CNV par exemple, ou identifiez vos émotions et l'action à mettre en place par la méditation, la relaxation, le yoga... trouvez l'outil qui vous correspond et qui vous fait du bien..

 

Les élixirs floraux peuvent aussi être de précieux alliés :

  • La camomille pour les personnes agitées qui ont du mal à relâcher  leurs émotions. Favorise l'équilibre mental.
  • La valériane calme et apaise les personnes qui se sentent écrasées par trop de responsabilités. Favorise le relâchement des émotions et le calme mental en fin de journée.
  • Le marronier blanc pour éviter les ruminations mentales, les pensées obsessionnelles (le petit vélo dans la tête, le hamster dans sa roue)
  • La lavande calme et apaise les personnes sensibles et fragiles.

Pour nous endormir, dormir et nous rendormir, nous devons nous sentir en sécurité dans le monde...

 

Faites de beaux rêves 

Article écrit par Isabelle Coisy, consultante HPI/Hypersensibles.

 

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